Dr Eloi de Clermont-Tonnerre et Pr Barbara Hersant
Les injections de toxine botulique (« BoTox ») à visée esthétique sont utilisées couramment depuis plusieurs années dans le traitement des rides, principalement chez les femmes. La demande masculine est cependant en constante augmentation.
La morphologie du visage masculin, et les désirs des hommes étant différents de ceux des femmes, certaines spécificités lors des injections de toxine botulique sont à respecter. Cette mise au point retrace les spécificités concernant les injections de toxine botulique chez l’homme.
La glabelle
La plus grande masse musculaire concernant le muscle Procerus et des Corrugateurs et la sévérité des rides chez l’homme aboutissent à un taux de réponse inférieur à celui de la femme. Cette masse musculaire plus importante entraîne un sillon glabellaire profond donnant une apparence plus agressive. Le muscle corrugateur chez l’homme est plus épais et nécessite des injections profondes. Son insertion latérale est plus étendue expliquant que le schéma traditionnel de 5 points d’injection pour la glabelle doit être bien souvent complété par 2 points supplémentaires plus externes. Le traitement du muscle Procerus ne nécessite qu’un seul point d’injection, comme chez la femme. Il faut cependant ne pas hésiter lors de la séance suivante d’injection à doubler les doses si la première séance a été inefficace en raison de la force musculaire qui est plus importante chez les hommes.
Le front et les sourcils
Le traitement des rides du front ne peut en général pas être dissocié de celui de la glabelle car il est indispensable de respecter la position du sourcil qui, chez l’homme, doit rester horizontal afin de ne pas féminiser son visage en l’arquant. En effet, et ce malgré les précautions prises lors du traitement de la glabelle décrites précédemment, la toxine finit par diffuser et affecter la partie médiale du muscle frontal. Il est important de traiter harmonieusement ces deux zones qui sont chez l’homme les plus expressives du visage. Le muscle frontal, plus puissant et plus large chez l’homme que chez la femme, nécessite de ce fait plus de points d’injection (6 voire 8 points) ainsi que des doses plus importantes. Les points les plus latéraux sont importants afin d’éviter de relever la queue du sourcil. Ils doivent s’aligner sur une ligne verticale passant par le rebord orbitaire externe. Par ailleurs il est important de garder à l’esprit que l’injection du muscle frontal chez l’homme ne doit pas être trop importante pour ne pas perdre l’expression du visage. En cas de sourcil déjà bas et horizontal avec un risque d’oedème ou de dermatochalasis de la paupière supérieure, on s’orientera avec une technique de blanching par acide hyaluronique adapté.
La patte d’oie
Les rides de la patte d’oie sont des rides qui doivent être préservées lors d’un traitement par toxine botulique chez l’homme. Celles-ci donnent un aspect plus distingué et mature, que les hommes préfèrent généralement conserver. Elles sont plus développées chez l’homme que chez la femme, principalement dans la partie inférieure. Il est important de ne traiter que les rides centrales et inférieures et préserver les petites ridules supérieures propres au regard masculin. Le schéma d’injection recommandé est de 3 points par côté, simple dose. Ils sont placés à la partie latérale du muscle orbiculaire, sous la ligne intercanthale, afi n d’épargner les ridules supérieures. On portera une attention particulière à ne pas se placer ni trop bas, ni trop profond pour ne pas affecter les muscles zygomatiques.
Autres indications
Dans le cadre esthétique, il existe d’autres indications de la toxine botulique au visage qui ne seront pas abordées ici. Nous pouvons cependant mentionner l’utilisation de la toxine dans la féminisation faciale et particulièrement pour traiter une hypertrophie des muscles masséter permettant d’amincir le visage et d’adoucir l’ovale du visage. Il existe une différence de prise en charge entre les hommes et les femmes lors d’injections faciales de toxine botulique à visée esthétique. Cette différence est due à l’anatomie d’une part, qui diffère entre les 2 sexes, et d’autre part aux attentes des hommes, qui sont souvent différentes de celles des femmes.
Références
1. Bloom, J. D., Green, J. B., Bowe, W., von Grote, E. & Nogueira, A. Cosmetic Use of AbobotulinumtoxinA in Men: Considerations Regarding Anatomical Diff erences and Product Characteristics. J. Drugs Dermatol. JDD 15, 1056–1062 (2016).
2. Keaney, T. C. & Alster, T. S. Botulinum toxin in men: review of relevant anatomy and clinical trial data. Dermatol. Surg. Off . Publ. Am. Soc. Dermatol. Surg. Al 39, 1434–1443 (2013).
Dr. Eloi de Clermont-Tonnerre : Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. Master de recherche à la Harvard Medical School de Boston, USA.Service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique et maxillo-faciale de l’Hôpital Henri-Mondor de Créteil du Pr Meningaud.
Pr Barbara Hersant : Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. Service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique et maxillo-faciale de l’Hôpital Henri-Mondor de Créteil du Pr Meningaud. Directrice scientifique de l’AIME (Assises pour l’Innovation en Médecine et chirurgie Esthétique), secrétaire générale de l’EAGAMPS, membre associée de l’académie nationale de chirurgie, membre de la SOFCPRE et de la SOFCEP.