Par le Docteur Nikolay Boiko
La présence d’organes génitaux de grandes dimensions avait à l’origine une importance considérable en matière d’évolution car les femmes choisissaient inconsciemment des individus de grande taille, qui garantissaient la naissance et la survie d’une progéniture belle et saine.
L’objectif principal de la chirurgie intime masculine est d’ordre esthétique. Néanmoins, entre 1 et 2 % de la population souffre de dysmorphophobie qui désigne l’insatisfaction d’une personne à l’égard de parties de son corps. Depuis quelques années, le terme « dysmorphophobie pénile » est utilisé en andrologie pour désigner la préoccupation excessive d’un homme pour la taille et/ou la forme d’un pénis normal. Pour les hommes souffrant de dysmorphisme psychologique, la taille de la verge au repos est bien plus importante que la taille de la verge en érection.
Rien qu’aux États-Unis, parmi 10 000 hommes ayant subi une augmentation du pénis entre 1991 et 1998, la majorité était principalement préoccupée par la taille de leur verge à l’état flaccide. Ils souffraient, autrement dit, du « syndrome du vestiaire ».
Ce désir parfois infondé des hommes d’« avoir de grands organes génitaux » les conduit à rechercher et à utiliser des méthodes d’augmentation souvent pseudo-scientifiques et non médicales (injection de vaseline, insertion de particules en plastique, de billes métalliques, de substances liquides et insolubles dans des conditions non stériles). Ces interventions ont souvent pour conséquence une inflammation, la perte de tissus importants, la déformation de l’organe, voire la perte de la fonction érectile. Le plus souvent, une intervention chirurgicale est le seul moyen de résoudre ces problèmes.
Deux types d’indications existent pour la chirurgie du pénis
Des indications fonctionnelles : épispadias, hypospadias, maladie de La Peyronie, fibrose des corps caverneux, traumatismes, micropénis.
Des indications esthétiques : pénis d’un homme âgé, pénis enterré, pénis caché, pénis palmé, dysmorphophobie pénienne.
La chirurgie intime améliore-t-elle la qualité de la vie sexuelle ? Oui, bien sûr, mais principalement grâce à l’augmentation de la confiance en soi de l’homme.
La femme perçoit-elle ces changements ? Si la chirurgie intime masculine entraîne une augmentation significative de la taille des organes génitaux, la femme le ressentira bien sûr. Par ailleurs, il a été démontré que la fréquence de l’orgasme vaginal dépendait de la concentration de la femme sur ses sensations vaginales, de la durée du rapport sexuel et de la taille du pénis (BrodyS, WeissP. JSexMed. 2009). En outre, dans 20 à 30 % des cas, la longueur et surtout l’épaisseur du pénis sont importantes voire essentielles pour la femme. Parfois, la taille du pénis est importante non tant pendant le coït vaginal que pour le plaisir psychologique éprouvé lors de sa contemplation.
Les méthodes de correction peuvent être divisées entre celles invasives, notamment chirurgicales, et non invasives, y compris les appareils esthétiques, et sont proposées dans des unités de médecine somatique et psychiatrique (psychologique), respectivement.
À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement médicamenteux efficace permettant d’augmenter la taille du pénis.
L’approche psychologique consiste à convaincre le patient de se contenter des dimensions et de la forme de son pénis plutôt que d’agrandir celui-ci (« ce n’est pas la taille qui compte », comme on dit).
La méthode d’allongement à l’aide d’un appareil comprend l’utilisation de dispositifs spéciaux tels que l’extenseur et la pompe à vide.
La chirurgie intime masculine comprend plusieurs techniques invasives modernes. En ce qui concerne l’allongement, les techniques chirurgicales suivantes existent :
- Ligamentotomie, chirurgie superficielle
- Intervention de Nesbit par plicature
- Corporotomie
- Spongiolyse
- Intervention de Perlmutter-Chamberlain
- Pose d’une prothèse pénienne
- Mobilisation avec fixation
La ligamentotomie est l’opération la plus courante. Elle consiste à sectionner le ligament suspenseur de la verge. En faisant en quelque sorte sortir les corps caverneux, elle augmente ainsi la longueur relative du pénis.
Des techniques plus complexes existent mais elles ne sont pas toujours sûres et ne peuvent être effectuées que par des spécialistes en chirurgie génitale de niveau mondial. En cas de pénis « enterré » dû à un tissu adipeux sous-cutané excessif sur le pubis, une liposuccion du pubis est proposée.
Épaississement du pénis
En ce qui concerne l’épaississement du pénis, on utilise non seulement des techniques chirurgicales, mais aussi des traitements par injection.
- Matières synthétiques
- Introduction des propres graisses du patient
- Application d’un lambeau désépidermisé
- Corporotomie longitudinale avec autotransplantation substitutive
- Lambeau musculaire pédiculé
- Matrice biodégradable
- Acide hyaluronique
Nous avons de l’expérience dans différentes méthodes d’épaississement :
Des plaques synthétiques en silicone ainsi que des filets non résorbables peuvent être utilisés pour épaissir la verge, mais aucun de ces procédés n’a d’effet durable sans entraîner de complications.
Une méthode moins dangereuse à l’effet durable, avec un nombre minimal de complications, est l’installation de matrices biodégradables à base d’acide polylactique-polyglycolique. Après l’ajout de PRP en amont de l’intervention, la matrice est remplacée, au bout d’un certain temps, par les propres fibroblastes du patient. Le pénis devient plus épais, et aucun tissu étranger ne reste dans le corps.
Il est possible d’augmenter la circonférence de la verge jusqu’à 3 cm, c’est-à-dire jusqu’à un centimètre de diamètre. Tout dépend bien entendu des dimensions initiales de l’organe.
Le lipofilling
À l’instar de la méthode de la matrice, le lipofilling se combine parfaitement avec la ligamentotomie.
À la suite d’un lipofilling du pénis, l’épaisseur de la verge peut même augmenter davantage qu’après une intervention chirurgicale, mais son effet dure de 1,5 à 2 ans environ. Les cellules graisseuses sont obtenues au cours d’une liposuccion, généralement de la zone du pubis, et augmentent visuellement la longueur du pénis.
L’acide hyaluronique
On utilise généralement l’anesthésie par infiltration dans l’angle péno-pubien ou celle bloquant la conduction des fibres sensitives du nerf dorsal de la verge, ainsi que dans les endroits d’introduction (latéralement dans le sillon coronal). Lors de l’introduction d’un anesthésique dans le gland, une anesthésie topique (application d’un gel à la surface) est également possible.
En règle générale, l’introduction du filler se fait de manière interfaciale et rétrograde. Les injections se font en éventail à travers la canule – le dosage est de 5 ml de chaque côté –, sans enlever complètement la canule pour l’introduction de la dose suivante.
Après l’injection de l’acide hyaluronique, nous pouvons également observer une certaine augmentation de la longueur de la verge, car l’acide hyaluronique sert de base pour la verge et la maintient dans un état allongé.
Augmentation de la taille du gland
Pour éliminer la disproportion entre la taille du gland et de la verge, une augmentation du gland est également proposée. Cette méthode consiste à injecter de l’acide hyaluronique dans les couches superficielles du gland. Cette injection a également un effet positif dans le cas où l’éjaculation précoce est principalement liée à une sensibilité accrue des récepteurs.
L’introduction d’un filler dans la partie coronale du gland peut contribuer à l’augmentation du plaisir du partenaire sexuel, car ce tissu est assez dense et devrait être bien ressenti par les récepteurs vaginaux. En général, on peut injecter dans le gland de 2 à 4 ml de substance.
L’importance de l’augmentation dépend à la fois des dimensions initiales et de la quantité de substance introduite. En général, on peut s’attendre à une augmentation de 0,5 à 1,5 cm de diamètre et de long.
D’autres méthodes de médecine esthétique permettent d’augmenter les dimensions ou d’améliorer l’apparence des organes génitaux masculins, de la célèbre toxine botulique aux désormais populaires fils résorbables. Nous évoquerons ces méthodes, ainsi que d’autres subtilités de l’andrologie, dans de prochaines publications.
Docteur Nikolay Boiko
Docteur en sciences médicales, professeur, Président de l’Association ukrainienne d’andrologie et de médecine sexuelle, médecin-andrologueurologue, sexologue.